Site http://jeanluc.matte.free.fr   Typologie des instruments à vent selon leur mode de production des notes Fiches d'illustration : en démontant un accordéon chromatique touches piano

Nous avons vu à la page précédente, que les 80 boutons de basses et accords de cet accordéon ne commandent finalement que 24 clapets :
- les 32 boutons de basses n'ont que 12 possibilités (ils ouvrent chacun un clapet du sommier des basses et le clapet correspondant du sommier des accords)
- les 48 boutons des accords ne commandent que 12 clapets mais en usant de différentes combinaisons de trois clapets.

Note dans tout ce qui suit, je parlerai de clapets pour simplifier car ce sont eux qui s'ouvrent et se ferment, mais il est évident que les notes sont, en réalité, produites par les anches qui sont derrières ces clapets

Voyons tout d'abord l'organisation des rangées de boutons des basses :

Ce sont les deux rangées de 16 boutons situées à l'intérieur du clavier, près du soufflet. Le bouton le plus haut de la première rangée (la plus proche du soufflet) commande le 7ème clapet des anches (en partant également du haut) sur le sommier des basses et le 7ème clapet sur le sommier des accords. Le bouton suivant commande le clapet suivant et ainsi de suite. Nous numéroterons donc les boutons de chaque rangée à partir du haut.

Le 6ème bouton commande les 12ème clapets basse + accord et le 7ème commande les 1er clapets basse + accord.

Arrivé au 13ème bouton, on revient au 7ème clapets etc... Les clapets 7,8,9,10 sont donc commandés par deux boutons différents de la première rangée, ce que l'on peut voir immédiatement sans ouvrir l'instrument puisqu'en appuyant sur le premier bouton (le plus haute) de la rangée intérieure, le 13ème bouton s'enfonce également.

On constate de la même manière que le 9ème bouton de la seconde rangée s'enfonce aussi lorsque l'on appuie ce même premier bouton de la rangée intérieure. Ce bouton est d'ailleurs repéré par sa forme en creux (alors que tous les autres sont convexes)..

Un coup d'oeil à la tringlerie, permet de comprendre comment les boutons des bassses sont ainsi solidaires : comme nous l'avons vu plus haut chaque bouton est relié à une petite tige métalique dont la boucle passe dans une patte solidaire de l'une des tiges du collecteur. Chaque tige du collecteur est ainsi dotée de deux à trois pattes rendues ainsi solidaires d'un bouton chacune. Les boutons rattachés à une même tige sont donc rendus également solidaires entre eux. Chaque tige n'est, par contre, dotée que d'une patte transmettant le mouvement à un clapet de basse. (12 tiges pour 12 clapets). La tige la plus près du clavier commande le clapet du bas, les suivantes commandent les clapet en remontant.

Tringlerie des basses (en bas) : les boutons sont à gauche de la photo et les clapets de basses partiellement visibles à droite. Les tringles en laiton sont disposées côte à côte au milieu de la photo
En partant du bas de la photo, on voit bien la tige en métal gris actionnée par le première tringle en laiton et dont on devine qu'elle actionne le clapet situé en face (qui est le 12ème)
Juste au dessus, une tige grise venant d'un bouton, commande la troisième tringle en laiton.
Puis la suivante commande la onzième tringle etc...
Dans le haut de la photo apparait la tringlerie des accords (tiges grises reliées à des pièces d'aluminium)

Précisons tout de même que si les mouvements des boutons, tringles et clapets de basse sont liés, le ressort qui transmet l'ouverture d'un clapet de basse au clapet correspondant d'accord n'agit que dans ce sens. Les clapets d'accords conservent donc leur indépendance. Nous verrons plus loin qu'ils la conservent également par rapport aux boutons et tringles d'accords.

Un coup d'oeil au sommier des basses permet de voir que les anches ne sont pas rangées sur ce sommier selon une gamme croissante ou décroissante. Si toutes les anches ont sensiblement la même tailler, on observe qu'une anche sur deux est lestée de plomb à son extrémité. la sixième anche semble la plus grave

L'obervation du sommier des accords permet le même constat : pas de plombs sur les anches ici, mais des anches placées dans un ordre qui ne semble pas suivre une logique de taille croissante ou décroissante. L'anche la plus longue semble être la 6ème

Représentons tout cela schématiquement afin d'y voir plus clair et de comprendre l'ordre des tringles. Les schémas ci-après ont été obtenus en observant le mouvement des tringles et clapets suite à l'appui de chaque bouton.

Commençons tout d'abord par la première rangée seule

Le fonctionnement est relativement simple à comprendre puisque les tringles réagissent dans le même ordre que les boutons et que les clapets, il y a juste un décalage qui fait que ainsi que je l'ai représenté en rouge, le bouton 1 (de même que le bouton 9) actionne la tringle 6 qui actionne les clapets 7

Rajoutons à ce schéma la seconde rangée de basse :

Le principe est naturellement le même, la rangée 2 reproduisant la première avec un décalage :
le bouton 1 agit sur la tringle 2 qui actionne les clapets 11
ou, ainsi que je l'ai représenté en rouge, le bouton 9 actionne la tringle 6 qui actionne les clapets 7

Passons aux deux premières rangées de boutons des accords :

Représentons maintenant de la même manière le schéma des rangées 3 et 4 (accords). Attention c'est un peu plus compliqué puisque, si chaque tringle correspond toujours à un et un seul clapet, chaque bouton actionne trois tringles, donc trois clapets.

Pour que le lien boutons-clapet soit plus clair, j'ai ajouté à droite, un second schéma faisant le lien direct boutons-clapetts

 

Si vous avez tout suivi, vous avez compris que : le bouton 1 actionne les tringles 4, 7 et 11 qui actionnent respectivement les clapets 10,7 et 11.

Et si vous observez bien le schéma vous remarquerez que les boutons de mêmes numéros des rangées 3 et 4 agissent toujours sur clapets en commun, situés l'un à côté de l'autre.

Il paraît assez évident qu'une des rangées doit correspondre aux accords majeurs (dominante, tierce majeure et quinte, exemple Do, Mi, Sol) et l'autre aux accords mineurs (tonique, tierce mineure et quinte exemple Do Mib, Sol). Les deux notes en commun sont donc la tonique et la quinte. Ces notes étant placées l'une à côté de l'autre, les clapets sont forcément rangés dans l'ordre des quintes, ce qui explique ce que nous avons observé en regardant les anches car, comme toutes les anches sont dans la même octave, en montant d'une quinte (trois tons et demi) on sort de l'octave une fois sur deux et il faut y revenir en descendant d'une octave (6 tons), ce qui revient globalement à descendre d'une quarte (deux tons et demi). L'alternance réelle est donc monter d'une quinte, descendre d'une quarte etc... ce qui explique une alternance d'anches plus graves et plus aigues.

Mais, faisons un petit schéma pour ceux, qui, comme moi, ne sont pas familiers du solfège :

En haut la gamme chromatique (12 notes) que j'ai representée deux fois de suite pour plus de clarté en noir puis en bleu. La ligne inférieure indique l'intervalle : 2- = seconde, 3 = tierce, 4 = quarte, 5 = quinte, 6 = sixte et 7 septième. - signifie mineur ou diminué, + signifie augmenté; Do étant la note de base (tonique)

Les cases rouges représentent l'intervalle de quinte (3 tons et demi) suivi de l'intervalle de quarte (en vert), le tout formant l'octave.

Le second tableau est le même mais classé par ordre des quintes. Nous pouvons donc y mettre en regard les deux premières lignes du schéma ci-dessus correspondant aux deux premiers boutons de basse. En placant le clapet 10 en face de la tonique (Do), nous vérifions bien que :
- le clapet 11 correspond à la quinte Sol ,
- le clapet 2 à la tierce mjeure, Mi : le rang 4 est donc celui des accords majeurs
- le clapet 7 à la tierce mineure Mib : le rang 3 est donc celui des accords mineurs

 

Bien entendu, j'ai choisi arbitrairement (et pour simplifier l'explication) la note Do comme tonique, mais nous ne savons pas encore quelle est la note réelle produite par le clapet 10. C'est un retour sur les rangs des basses qui va nous fournir la réponse.

Retour sur les rangées des basses

Avant de passer au 5ème rang, nous pouvons revenir à nos deux rangs de basses dont les clapets correspondent aux mêmes notes que celles des accords et sont donc également rangés dans l'ordre des quintes.

Le bouton 9 de la seconde rangée est, comme nous l'avons vu, repéré par sa forme en creux. Il donne donc très vraisemblablement la note Do et nous avons vu qu'il actionne le clapet 7. Nous pouvons donc décaler le schéma ci-dessus pour connaître l'accord réel des premiers boutons des rangées 3 et 4 :

Bien entendu, la tonique est désormais le La et non plus le Do et nous pouvons faire glisser également la ligne indiquant les intervalles :

Nous avons donc des accords sur les boutons n°1 les accords de La majeur et La mineur. Les accords des boutons suivants se déduisent par progression par quinte, c'est à dire dans l'ordre du tableau si dessus : Mi, Si, Fa dièse etc....

Passons maintenant au 5ème rang qui permet des accords de notes.

Etablissons tout d'abord un schéma comme celui des rangs 3 et 4

Nous avons maintenant l'avantage de disposer directement de la correspondance avec les notes, il suffit de rajouter la ligne correspondant au bouton 1 de cette rangée au schéma établi ci-dessus pour les rangs 3 et 4

 

Les accords du rang 5 font donc sonner tonique, tierce mineure, quinte et sixte. Il s'agit d'accords mineurs avec ajout de sixte.

Les notes produites par ce clavier sont donc :

Une dernière remarque : vous vous demandez peut-être l'utilité de toute ce jeu de piste. Il aurait été plus simple de jouer les différentes basses ainsi que les accords et essayer de les reconnaître... Mais pour cela il aurait fallu que l'accordéon en question soit encore accordé ce qui est loin d'être le cas...

 Suite : démontage d'un petit chromatique à 8 basses ou Démontage d'un accordéon diatonique ou Démontage d'un harmonium