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  Typologie des instruments à vent

selon leur mode de production des notes

Fiches d'illustration : Orgues à bouche

Orgue à bouche Cheng
Gravure tirée de "La musique et les musiciens" par Albert Lavignac 1909

Originaire d'Asie, l'orgue à bouche (encore nommé cheng) est considéré comme l'ancêtre de nos accordéons et autres harmonicas car c'est un instrument à anches libres. Le procédé de sélection du son est unique : le musicien souffle ou aspire dans un conduit d'insufflation qui distribue la pression en permanence sur toutes les anches. Celles-ci ne vibrent toutefois que lorsqu'elles sont en accord avec leur tuyau. Le musicien réalise cet accord en obturant le petit trou placé sur chaque tuyau (tuyaux par ailleurs généralement ouverts à leurs deux extrémités et sur lesquels l'anche est fixée latéralement). Chaque tuyau ne sonne donc que si son trou est bouché.

Notons que ces instruments sonnent en soufflant et en inspirant c'est à dire que les anches fonctionnent dans les deux sens, ce qui n'est pas le cas de nos accordéons et harmonicas pour lesquels on dipose toujours deux anches, l'une fonctionnant en aspiration et l'autre en soufflant. Notons également que cela contredit certains écrits sur l'harmonica qui annoncent que cet instrument est le seul au travers duquel on aspire (c'est d'ailleurs également le cas de la guimbarde).

 Orgue à bouche thaïlandais

Orgue à bouche de Thailande (import "Artisans du monde"). L'air est insufflé dans la calebasse par son extrémité allongée. Les six tuyaux (trois sont visibles sur la photo, les trois autres sont derrière) permettent d'obtenir six notes différentes. Seul le trou de jeu du tuyau central est visible ici, les autres étant placés sur les faces latérales des deux autres tuyaux.

Khen laotien

Grand orgue à bouche à 16 tuyaux (hauteur : 1m), Laos ? Se joue en alternant rapidement aspiré et soufflé ce qui produit un jeu très haletant.


Orgue à bouche "d'Indo-Chine", dessin du Petit Robinson de 1924

J'ai écrit ci-dessus que chaque anche est généralement fixée latéralement sur un tuyau ouvert aux deux extrémités, ce n'est effectivement pas le cas de l'orgue à bouche chinois :


L'instrument vu sous deux angles (instrument moyenne gamme, facture actuelle année 2011)

 


Quelques exemples de tuyaux démontés : celui du haut est pourvu d'un retour permettant d'allonger la longueur utile sans trop agrandir la taille de l'instrument

 


Deux anches : malgré la similitude avec nos instruments de type "clarinettes", il ne s'agit pas ici d'anches battantes, c'est à dire venant vibrer sur un orifice plus petit percé au sein d'une table mais bien d'anches libres, c'est à dire découpée dans une plaque formant à la fois la lame et la fenêtre dans laquelle elle vibre. Le point de cire sert classiquement à l'accord de l'anche.

 


Autre vue d'une anche avec, sur le tuyau, le trou de jeu cerclé de laiton

 


Une fente d'accord d'un tuyau. (visible également sur la photo générale de cet instrument). Fentes et retours de tuyaux permettent de disposer les tuyaux symétriquement alors que les longueurs utiles réelles ne le permettraient pas. C'est une technique que l'on retrouve d'ailleurs sur les tuyaux de nos orgues d'église...

Merci à Tristan de m'avoir démonté son instrument pour les photos...


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