"- Vous connaissez mon filleul ? lui dit la brave femme
- Très peu !
- Eh bien ! il a, depuis quinze jou des accès de fièvre chaude !
- il est peut-être enrgagé ?
- Oui enragé d'amour pour une jeune fille, une rosière !
(...)
- Il l'a rencontré dernièrement, lui a dit qu'il en était devenu tout bête, tant il l'estimait. Elle lui a répondu qu'elle en aimait un autre !...
- Mon ami Armand ?
- Tout juste !... Et bien ! mon pauvre filleul est comme fou, poursuivit la crémière en pleurnichant. Il avait appris à jouer du basson....
- Quel rapport cela a-t-il avec sa folie ?
- Un très grand; car depuis deux semaines il en joue toutes les nuits !...
-Ca c'est dur !
- Il dit qu'il est l'ombre d'un grand musicien et qu'il va aller sur un nuage jouer du basson à mam'elle Aurélie !
- Pauvre fille ! gémit Suce-Canelle.
Des accords, plutôt discordants qu'harmonieux, retentirent alors.
L'entendez vous ?... fit la veuve Chantoiseau.
-Oui, oui ! il taquine son petit instrument ! Quelle drôle d'occupation pour un crémier !...
Le jeune Rossignol apparut.
Il tenait entre les lèvres l'embouchure de son basson, ce qui lui gonflait étonnamment les joues et il tentait de jouer le grand air de Lucie."
S'il s'agit d'un basson au sens où on l'entend aujourd'hui, c'est l'anche et non l'embouchure (confusion fréquente de vocabulaire), que l'apprenti musicien tient entre ses lèvres. Par contre, les gravures montrent un instrument qui ressemble davantage à un ophicléïde, c'est à dire un instrument métallique, de large diamètre, muni de trous fermés par des clefs et dont le son est produit par une embouchure type embouchure de cuivre. (sur la première gravure, il est plutôt muni d'un bec à anche simple, ce qui l'assimilerait davantage à un saxophone, mais les deux gravures suivantes montrent une position de jeu qui n'est pas celle du saxophone mais bien celle de l'ophicléïde, un instrument qui disparaîtra justement avec le succès des saxhorns, tubas et des saxophones...). Le dessinateur a-t-il eu en tête le "basson russe" qui est un instrument de la même famille que les ophicléïdes ?
"Sosthène se trouvait près du clavecin, dont on avait relevé le couvercle pour donner plus de sonorité. Notre bohême ne pouvant avoir raison des petits fours que l'on avait servi, jetait tous ceux qu'il avait pris la boîte de l'instrument.
Puis, tout d'un coup, agacé des mazurkas et des valses :
-Je vous en prie, s'exclama-t-il, jouez-nous, quelquechose de gai, un quadrille par exemple !
Tout le monde fut de son avis.
Le quadrille fut voté : la demoiselle aux longs bras écorcha celui des cloches de Corneville.
Les danseurs se placèrent, et Suce-Canelle qui, avec Mme Dufournet, faisait vis-à-vis à Armand et Cécile, commença à gigoter de telle façon que tous, peu à peu, furent entraînés.
- Attention !, le grand pas à la mode... un pas de circonstance... La langouste orageuse.
Il offrit alors à la société ébahie, un cavalier seul à détroner touts les chicards passés.
Les cheveux au vent, les bras ballants, il fit de tels bonds,; qu'il s'en alla butter dans le tabouret de la demoiselle maigre, qui, lâchant le piano, vint s'abattre sur le plancher en poussant des cris affreux."
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