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  Typologie des instruments à vent

selon leur mode de production des notes

Fiches d'illustration : en démontant un petit accordéon chromatique

 

Petit reportage photo à l'intérieur d'un petit accordéon chromatique

A le voir on jurerait que cet accordéon "made in Germany" (la marque a disparu) est un diatonique trois rangs huit basses et pourtant, il suffit d'appuyer sur une touche au hasard, d'ouvrir et de refermer le soufflet pour constater que la note produite est la même : l'instrument est unisonore et non bisonore. En appuyant sur les différentes touches selon un chemin en diagonales successives sur les trois rangs, on obtient bien une gamme entièrement chromatique comme sur tout accordéon chromatique à boutons... Le fait qu'il s'agisse d'un chromatique pourrait faire croire qu'il est intérieurement plus complexe qu'un diatonique, nous allons voir qu'il n'en est rien (surtout si on le compare au Hohner club précédemment démonté)

Examinons cela de plus près

 

Prélude à l'ouverture :

 


On remarquera que, contrairement à la plupart des diatonique, les deux rangs du clavier mains gauche sont décalés (boutons en quinconce)

Enlevons tout d'abord le capot situé au dessus des touches et la plaque de clavier (vous voyez sur la photo que j'ai déjà démonté le soufflet mais nous regarderons de l'autre côté plus tard...)


Le clavier est relativement classique, toutes les touches pivotent autour d'un même axe et il peut être entièrement et simplement séparé du reste de l'accordéon en dévissant deux ou trois vis seulement.


Détail des petits ressorts de rappel des touches, enroulés autour de l'axe et dont l'une des extrémité vient se loger sous une encoche des tiges côté boutons, afin de relever ceux-ci au repos.

Remarquons toutefois que les trois rangs de boutons renvoient à deux rangs de soupapes et donc à deux sommiers et non trois. S'agissant d'un chromatique on pourrait imaginer un sommier pour les notes naturelles et un pour les demi-tons mais les deux sommiers ont le même nombre de soupapes à une près, ce qui exclu dont cette hypothèse puisque pour 7 notes naturelles il n'y a que cinq notes altérées... Examinons la correspondance entre touches et soupapes en numérotant les touches selon le doigté d'un clavier d'accordéon chromatique et en reportant les numéros sur les soupapes correspondantes :

 

Nous constatons que les notes se succèdent régulièrement d'un sommier à l'autre, à l'exception d'une inversion de tous les multiples de six avec le soupape précédent, visiblement pour des raisons essentiellement pratiques lorsque l'on voit le cas des touches 5 et 6 ou 11 et 12, un peu moins évident pour les touches 17 et 18 (la tige de la soupape 18 arrive en face du bouton 17 et on la tige de la soupape 17 aurait pu atteindre le bouton 18 en passant à droite du bouton 17) ou 23 et 24 (même chose). Vous trouvez peut-être surprenant ce constat car le clavier et ses tiges de commande des soupapes paraît symétrique mais il est en fait légèrement décalé : ce n'est pas la tige de commande du bouton central 13 qui est parfaitement droite mais celle du bouton 14. Les soupapes sont donc légèrement décalées par rapport au clavier, vers le côté du bouton 25. Pour quelle raison ? Mystère...

Vérifions si l'inversion de certains boutons ne tient pas à une raison liée à l'irrégularité de la gamme en mettant, cette fois, les noms de notes sur les touches et non plus un numéro. L'accordeur nous dit que la touche la plus grave est un Do, nous pouvons donc en déduire les suivantes.

 

Je n'ai indiqué que les notes du sommier supérieur, mais comme nous nous y attendions, celui-ci mêle bien notes naturelles et altérées. profitons-en tout de même pour constater que l'ambitus de cet accordéon est de deux octaves et une note, et que, sur la clavier, comme sur le sommier, la disposition est la même aux deux octaves, ce qui est logique car 12 (nombre de notes chromatiques de la gamme) est divisible par 2 (deux sommiers) et par trois (trois rangées).

Pour ce qui est de l'inversion des soupapes, on peut supposer qu'elle se fait pour des raisons pratiques pour les touches 5-6 et 11-12 et qu'elle se fait également sur les touches 17-18 et 23-24 afin de conserver la même logique et les mêmes notes sur les mêmes sommiers aux deux octaves.

Jetons maintenant un oeil aux sommiers


Ces sommiers sont des plus simples directement sous la table. Chaque soupape ne commande qu'une anche, il n'y a donc qu'une voix à la main droite. Remarquons également que les anches sont justes fixées par la cire (ni clou ni vis) et que même les cuirs des anches les plus graves n'ont pas de ressort de rappel. Cet accordéon n'est visiblement pas d'une facture très élaborée...

 


Les basses et accords

Un petit essai nous montre rapidement que la rangée externe donne 4 accords et la rangée interne 4 basses. Les huit boutons sont unisonores : même basse ou accord en tirant ou en poussant

 


Le mécanisme est simple (beacoup plus simple par exemple que celui du Hohner club) : chaque bouton commande une soupape

Rappel du mécanisme : en appuyant sur le bouton, on provoque la translation d'une tige (1) qui vient pousser l'extrémité du petite plaque (2) qui pivotant alors autour de l'axe commun (3), provoque la rotatioin d'une petite tige sur laquelle est montée la soupape qui se lève alors (4)

Petite surprise en regardant les sommiers, si celui du haut (basses) comporte bien 4 plaquettes d'anches de chaque côté correspondant aux 4 basses (deux voix pour chaque basse, correspondant à deux anches à l'octave l'une de l'autre), le sommier du bas (accords) comporte 6 plaquettes d'anches de chaque côté. mais nous voyons déjà, sur les photos ci-dessus et ci-dessous, que les plaquettes d'un côté sont décalées par rapport à celles de l'autre côté. (tandis que celles des basses sont bien en face l'une de l'autre sur le second sommier)

Les sommier des basses (ici en bas de la photo) n'est pas démontable, mais celui des accords l'est grâce aux deux vis ce qui va nous permettre de comprendre ce que nous présentons déjà...

 

Chaque soupape contrôle un gros trous dans la table (en bas sur la photo), qui correspond à un trou dans le sommier (sur le photo le sommier a été retourné et posé sur celui des basses), chaque trou du sommier alimentant trois plaques d'anches, deux d'un côté et une de l'autre, en alternance.

De haut en bas les basses sont Mi, La, Ré, Sol. Les accords sont des accords sans tierces s'intercalent entre ces notes. Il est donc possible de jouer entre les trois boutons pour obtenir l'accord simple, l'accord par combinaison des deux basses (plus grave d'une octave) ou la combinaison de l'accord renforcé par une basse. Il est difficile, pour des raisons de taille des doigts, de jouer simultanément l'accord et ses deux basses.


La soupape d'air

C'est elle qui permet d'ouvrir ou de fermer le soufflet sans faire transiter l'air par les anches.

C'est ici un classique système de levier tout en bois.


Suite : Démontage d'un autre petit accordéon chromatique très similaire
Démontage d'un accordéon diatonique ou Démontage d'un harmonium


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