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Typologie des instruments à
vent
selon leur
mode de production des notes
Fiches d'illustration
: en démontant un accordéon diatonique
(1)
|
Petit reportage photo à
l'intérieur d'un accordéon diatonique
Le principe de fonctionnement de l'accordéon est
relativement simple, même s'il fait intervenir un nombre
important de pièces. Un accordéon n'est jamais qu'un
ensemble d'harmonicas alimentés par un soufflet et
commandés par un clavier actionnant des clapets (mais vu sous
un autre angle, c'est tout de même un orgue en
miniature...).
L'accordéon vu ici est un classique Hohner Club
III B en Do-Fa des années 60 : 3 rangées, 8 bassses,
sans registres.
Ce type d'accordéon présente un certain nombre de
différences avec un accordéon diatonique dit "Viennois"
tels ceux couramment utilisés actuellement dans la musique
traditionnelle. Les trois principales sont :
- clavier à deux rangs et demi, la
troisième rangée étant composée
d'altérations et de quelques notes existantes sur les deux
autres rangées mais dans un sens (poussé/tiré)
différent. Il existe de nombreuses variantes de cette
troisième rangée, selon les désirs des
musiciens,
- une note unisonore (même note en poussant et en tirant) au
milieu du clavier et repérée par son quadrillage en
relief sur le bouton. Sur un do/fa (tonalité la plus courante
de ce type d'accordéon) cette note est un do,
- 8 basses bi sonores ! (alors que sur les diatos système
Viennois, un couple basse-accord (Fa pour un sol/do) est unisonore),
toutes les basses /accords sont sur le principe : poussé =
tonique, tiré = dominante.
Merci à Bernard Loffet pour
certaines indications techniques
Ouverture (en do
majeur)

Il est aisé d'ouvrir un accordéon : quatre clous
seulement tiennent en place le soufflet de chaque côté
de celui-ci (chaque extrémité du soufflet est
renforcée par un cadre en bois)

Vue ouverte : à gauche les rangées mélodiques,
à droite les basses et accords
Les basses et
accords

Vue des sommiers de basses et accords, on distingue sur celui du haut
4 plaquettes d'anches et 10 sur celui du bas.

Vue plus rapprochée permettant de mieux distinguer, sur chaque
sommier, les plaques munies chacune d'une anche (à droite) et
d'un clapet en cuir (à gauche). Une plaquette identique mais
inversée est située en face de chacune, à
l'intérieur du sommier (non visible ici naturellement). Une
anche d'accordéon ne fonctionne que pour un sens de passage de
l'air. Lorsque le soufflet est poussé, l'air sort
(flèche jaune) en faisant vibrer les anches visibles ici (et
pour lesquelles les boutons du clavier ont été
appuyés) ; les clapets en cuir empêchent l'air de
passer, dans le mauvais sens, au travers des anches de
l'intérieur du sommier. Lorsque le soufflet est tiré,
l'air entre (flèche rouge) et fait vibrer l'anche de la
plaquette interne au sommier, un clapet de cuir empêche l'air
de passer par les anches visibles ici.

Même vue mais le sommier des basses à été
retiré. On voit maintenant les ouvertures de la table, en
forme de 8, obturées, sur l'autre face de celle-ci, par les
clapets actionnés par le clavier des basses.

Vue du sommier des 4 basses démonté. Chaque ouverture
en forme de 8 correspond à 4 plaquettes d'anches : 2 externes
pour les notes poussées (une visible ici, une de l'autre
côté du sommier comme on pouvait le voir sur les photos
précédentes), 2 internes pour les notes tirées
(non visibles ici). Chaque note des basses et accords est donc
à 2 voix et nous verrons plus loin qu'à chaque basse ou
accord correspond plusieurs paires d'anches.

Détail des plaquettes d'anches : à gauche de chacune :
l'anche libre métallique, à droite le clapet en cuir.
chaque plaquette est fixée par deux clous et
l'étancheïté avec le bois du sommier est
assurée par de la cire.
Circulation de l'air : en rouge : note tirée, en
jaune note poussée
En résumé, combien d'anches cet
accordéon comporte-t-il pour les basses et accords ?
Le sommier du haut comporte 4 plaquettes de chaque
côté donnant 4 notes tirées à deux voix.
Il comporte également, à l'intérieur des
sommiers 2 fois 4 plaquettes donnant 4 notes poussées à
deux voix. Soit pour ce sommier 4 x 2 x 2 =16 anches.
De même le second sommier comporte 10 x 2 x 2 =40
anches.
Au total 56 anches permettent de jouer 28 notes
à deux voix : 14 en tiré et 14 en
poussé mais celles-ci ne correspondent pas
simplement à un bouton : elles sont combinées comme
nous le verrons plus bas.
Côté
mélodique

Le même système de sommiers, anches et clapet vaut pour
les rangées mélodiques.

Le sommier central a été retiré.

Vue du sommier retiré. Comme précédemment,
chaque note semble à deux voix, nous verrons plus loin que ce
n'est pas exactement le cas...
Le clavier
mélodique

Le clavier n'est rien d'autre qu'un système de petits levier
venant lever des clapets de bois et libérant le passage de
l'air au travers des ouvertures de la table vues ci-dessus.

Ouverture complète du clavier

Vue du clavier à nu : on constate qu'il n'y a que trois rangs
de clapets alors qu'il y avait cinq sommiers dont un à simple
face. Chaque rang de clapet correspond en fait à un sommier de
demi comme illustré ci-dessous: cet accordéon n'a pas
deux mais trois voix.

Encadré en vert : les trois rangées d'anches de la
rangée interne du clavier (la plus courte), en violet les
trois rangs d'anches de la rangée médiane du clavier et
en jaune les trois rangs d'anches de la rangée
extérieure du clavier. Le petit rectangle rouge montre les
trois anches d'une même note. On remarque d'ailleurs que le
second sommier en partant du bas n'a pas le même nombre
d'anches sur ces deux faces puisqu'il correspond à la
rangée externe du clavier (12 boutons) et à la
rangée médiane (11 boutons)
Pour 30 boutons soit 60 notes (tiré et
poussé), cet accordéon comporte donc 60 x 3 = 180
anches (en sus des 56 des basses et accords)
Le
clavier des basses et accords
Bien que comportant moins de boutons, ce clavier est
plus complexe que le précédent sur un accordéon
diatonique type Club car chaque bouton actionne plusieurs clapets et
un clapet peut être actionné par plusieurs boutons
différents. C'est ce que l'on appelle une mécanique
à collecteurs. Sur un accordéon viennois le clavier
main gauche est composé de simples clapets comme le clavier
main droite.

Le système de répartition de l'action des boutons sur
les clapets est un système de barrettes se
déplaçant en translation et d'axes (horizontaux sur la
photo ci-dessus), munis d'ergots dont la rotation permet de
répartir le mouvement sur les clapets souhaités. A
chaque bouton correspond un axe

Vue de plus près. On devine, sous le système de
collecteurs, les 14 clapets (10 sur la rangée du haut et 4 sur
la rangée du bas) correspondant aux deux sommiers de basses et
accords vus ci-dessus par l'intérieur du soufflet.

En appuyant sur un bouton (ici celui cerclé en rouge), une
tringle (rouge) s'enfonce d'un demi-centimètre environ. Un
ergot sur celle-ci vient appuyer sur un petit bras fixé sur
l'un des axes (ici celui en vert) et le fait tourner d'une fraction
de tour. Deux autres petits bras de ce même axe viennent
appuyer sur les ergots des tiges bleues et lui transmettent un
mouvement identique à celui de la tige rouge.
L'extrémité des tiges bleues vient appuyer sur les bras
(jaunes) qui par un système d'axe et de tiges viennent lever
deux clapets : l'un dans la rangée arrière, l'un dans
la rangée de devant. Le bouton situé sous celui-ci
ainsi que les deux de droite sur la photo produisent également
la levée d'un clapet de chaque sommier (basses). Les quatre
autres boutons (accords) font lever chacun trois clapets de la
rangée arrière. Tout ceci selon le tableau
ci-dessous.
Tiré
Poussé
|
Sommier 1
|
ré
la
|
-
|
si
mi
|
sol
do
|
-
|
ré
sol
|
sib
mib
|
-
|
fa
sib
|
do
fa
|
-
|
fa
mi
|
la
do#
|
mi
la
|
Basse ou accord
|
Sommier 2
|
-
|
RE
LA
|
-
|
-
|
SOL
DO
|
-
|
-
|
SIb
MIB
|
-
|
-
|
DO
FA
|
-
|
-
|
-
|
doM
FaM
|
O O
O O
O X
O O
|
-
|
-
|
-
|
sol
do
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
do
fa
|
-
|
-
|
-
|
mi
la
|
solM
doM
|
O X
O O
O O
O O
|
-
|
-
|
si
mi
|
sol
do
|
-
|
ré
sol
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Do
Fa
|
O O
O O
O O
O X
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
do
fa
|
DO
FA
|
-
|
-
|
-
|
Sol
Do
|
O O
O X
O O
O O
|
-
|
-
|
-
|
sol
do
|
SOL
DO
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
sibM
mibM
|
O O
O O
X O
O O
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
ré
sol
|
sib
mib
|
-
|
fa
sib
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
rém
laM
|
X O
O O
O O
O O
|
ré
la
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
fa
mi
|
la
do#
|
-
|
Sib
Mib
|
O O
O O
O O
X O
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
sib
mib
|
SIb
MIb
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Ré
La
|
O O
X O
O O
O O
|
ré
la
|
RE
LA
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Les boutons sont vus de face, accordéon en position
de jeu. L'ordre des lignes suit l'ordre physique des axes du
dispositif de répartition. Notes en majuscule = octave basse,
accords : m = mineur, M = majeur
La soupape
C'est elle qui permet d'ouvrir ou de fermer le soufflet
sans faire transiter l'air par les anches.

Par un jeu de leviers, l'action sur le bouton soulève le grand
clapet de la soupape afin de permettre à l'air d'entrer ou de
s'échapper rapidement.

Ouverture de la soupape vue de l'intérieur du soufflet
Registres
Bien qu'à trois voix, cet accordéon ne comporte
pas de registres permettant, par sélection des voix, de
modifier le timbre de l'instrument.
Sur un accordéon diatonique ou mélodéon
à registre, le principe mécanique de ceux-ci est
très simple : des tirettes permettent de déplacer des
planchettes situées dans l'épaisseur de la table entre
les clapets actionnés par le clavier main droite et les
sommiers. Chaque planchette correspond à un demi-sommier et,
selon sa position, obture ou non les lumières permettant
à l'air de passer de l'extérieur vers le sommier en
question ou vice-versa. Il est ainsi possible de sélectionner
les demi-sommiers actifs.
Cette épave de mélodéon (à clavier
apparent : chaque bouton fait directement basculer le grand clapet
qui le surmonte) permet de voir ce système de registre
là ou les clapets sont absents. Seul le registre le plus
près du clavier est tiré (voir la position de la
tirette en haut de la photo) les deux ouvertures rectangulaires
visibles correspondant à ce registre sont donc ouvertes. Les
quatre ouvertures correspondant aux deux autres registres sont
obturées.
(à voir : un sytème original de
registre par
étouffement utilisé sur un harmoniflûte)
Suite : Démontage d'autres diatoniques,
fonctionnant selon des principes différents, dont un
à trembleur
Démontage d'un
chromatique à touches piano
Démontage d'un
harmonium
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