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Typologie des instruments à
vent
selon leur
mode de production des notes
Fiches d'illustration
: démontage d'un harmonium
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Tout comme nous avons démonté dans
d'autres pages un certain nombre
d'accordéons diatoniques
ou chromatiques, je vous propose
de jeter un coup d'oeil à l'intérieur de ce meuble
où, comme vous pourrez le constater, la partie strictement
sonore n'occupe qu'une très faible place...
Voici l'instrument vu de face avant démontage :
clavier 5 octaves, pas de registre mais juste une tirette sous le
clavier (non visible sur cette photo) dont nous verrons l'effet plus
loin.
De dos, pas grand chose à voir tant que la toile de fond,
fixée sur un cadre de bois tenu par deux vis n'a pas
été retirée
Une fois cette toile retirée, nous voyons que la plus grande
partie de l'espace est occupée par le système de
soufflets actionné par les deux pédales .
En appuyant sur une pédale, la petite corde
vient tirer sur le levier en bois qui pivote autour d'un axe
fixé sur la planche de façade d'une part et sur l'une
des deux planchettes verticales visées à
l'arrière de l'instrument (on devine l'extrémité
de cet axe au centre des planchettes). Par mouvement de bascule
autour de cet axe, transmis par un tasseau vertical articulé
entre ce levier et le soufflet, la planche inférieure du
soufflet remonte, provoquant la compression de l'air contenu dans
celui-ci.
Mais cet ensemble de soufflets est démontable,
profitons-en
Nous voyons ici distinctement les deux soufflets
principaux en bas, à gauche et à droite. L'air entre
dans ces soufflets par des trous situés sur leur face
inférieure (visibles sur la photo suivante) et dotés de
clapets de cuir afin que l'air ne ressorte pas lors de la
compression. L'air comprimé s'échappe par les
cheminées parallélepipédiques bleue
située de chaque côté. Entre ces deux
cheminées, un troisième soufflet, occupant toute la
largeur , est doté de deux gros ressort de rappel de
même type que les ressorts de matelas.
Vu du dessous, vous pouvez voir sur chaque soufflet les 4 trous
d'entrée d'air et, dans leur prolongement, le bloc de bois sur
lequel agit le système de levier commandé par les
pédales. (note : la barre de bois clair située entre
les deux soufflets et une réparation récente visant
à maintenir en place la partie étroite des soufflet et
éviter leur déchirement)
Le même ensemble de soufflets vu du dessus : de chaque
côté, vous pouvez voir les ouvertures ovales par
lesquelles l'air monte depuis les deux soufflets inférieurs.
Un joint textile fait le tour de la planche supérieure et
assurera l'étanchéïté avec le
système d'anches et clavier qui va se positionner au
dessus.
La grande ouverture ovale au centre permet la
communication de l'air avec le troisième soufflet. Cette
ouverture peut-être maintenue fermée ou ouverte selon la
position de la tirette que vous pouvez voir verticalement au centre
de l'image.
Voici cette ouverture, dotée d'un grand clapet en cuir
maintenu relevé par la tige ressort bien visible sur cette
photo.
Les pièces transversales en bois, actionnées par la
tirette dont vous voyez la tige en laton en haut à droite
commandent l'ouverture ou la fermeture de ce clapet selon le
schéma ci-dessous, au choix du musicien.
Lorsque la tirette est poussée (vers la gauche de la photo),
la pièce en bois (rouge) se décale vers la gauche) et
vient repousser la pièce en bois verts vers le bas, commandant
l'ouverture du clapet.
Mais à quoi sert ce troisième soufflet ?
Revenons sur notre première photo de l'ensemble de soufflets
extraits de l'instrument :
Les deux soufflets du bas assurent l'alimentation en air. Celle-ci
n'est pas forcément régulière (fonction de la
manière dont le musicien agit sur les pédales) et sauf
à bien contrôler le mouvement de ses pieds, il est
courant que le passage entre l'appui d'un pied à l'autre
entraine une petite baisse de pression qui sera audible. De
même, la consommation d'air n'est pas la même selon que
l'on joue une note seule ou un note et un accord (quatre notes en
tout). Le troisième soufflet agit donc comme un
régulateur de pression et comme une réserve d'air. ce
sont ses deux ressorts qui régulent la pression de l'air
arrivant aux anches, lorsque la pression des soufflets
inférieure (diminuée de la perte due au passage de
l'air dans les anches) est supérieur à la tension de
ceux-ci, l'air entre dans le troisième soufflet, si elle est
inférieure l'air en sort.
Et si ce troisième soufflet venait à
être trop rempli ? Un petit téton constitué d'un
clou planté dans une pièce de bois tournée (non
visible sur les photos ci-dessus car démonté, mais
visible sur celle ci-dessous) vient alors toucher un clapet de cuir
situé dans le trou visible entre les deux ressorts et vient
libérer de l'air.
La tirette déjà citée
précedemment permet de désactiver le fonctionnement de
ce troisième soufflet. Le musicien peut alors donner une
dynamique aux notes (d'où le nom d'orgue expressif
donné à l'harmonium) en jouant sur la pression de l'air
par le jeu de ses pieds. En contrepartie, il doit davantage
contrôler le mouvement de ses pieds pour éviter les
à-coups lors du passage d'un soufflet à l'autre, c'est
à dire d'un pied à l'autre.
Note : Nous pouvons voir un exemple de tel soufflet
régulateur dès le milieu du XIXème siècle
sur un instrument de type
harmoniflûte
également démonté sur le présent
site.
Maintenant que nous avons vidé cet harmonium de
ses soufflets, relevons le clavier
Mais nous aurions pu le faire également avec les
soufflets en place, ce qui permet de voir comme tout ce bloc
clavier-table vient bien se placer sur le joint de la partie
supérieure de l'ensemble de la soufflerie.
L'étanchéïté entre l'ensemble
des soufflets et le bloc clavier est assuré, comme nous
l'avons vu, par un joint textile et par quatre verrous (deux sur
l'avant et deux sur l'arrière) qui viennent serrer ce joint,
en voici un de l'arrière :
Masi revenons au dessous du bloc clavier. Nous voyons
enfin la partie strictement sonore de cet instrument, c'est à
dire les anches libres, similaires à celles d'un
accordéon ou d'un harmonica et directement fixées sous
la table, sans sommiers.
Ces anches sont en laiton, sur plaquettes de laiton
individuelles.
La table est naturellement percée au droit de
chaque anche pour permettre la fuite de l'air (rappelons que comme
sur un accordéon, les anches sont dans la partie sous pression
et que c'est l'ouverture d'un trou au dessus d'elles qui permet la
fuite de l'air vers l'extérieur et, donc, le passage de l'air
au travers de l'anche avant le passage dans ce trou.)
Voyons donc ce qui obture les trous de la table. Les
clapets ne sont pas directement les touches du clavier puisque
celles-ci ne font que s'enfoncer sous l'action du doigt et ne peuvent
donc libérer un orifice.
Vue du clavier après démontage de la plaque cachant
l'arrière des touches
Vous voyez sur cette photo que l'axe des touches du
clavier est situé tout à l'arrière de celle-ci
et que celles-ci ne font donc que s'abaisser. Il y a donc un
système intermédiaires qui génère la
levée des clapets. Nous pouvons le voir en soulevant le
clavier par l'avant (je n'ai pas réussi à le soulever
davantage pour la photo).
Profitons en pour voir, au premier plan, le bouton de la tirette de
commande d'ouverture/fermeture du troisième soufflet.
Nous voyons ici l'ensemble des clapets, mobiles autour d'un axe
central. Chaque touche du clavier vient appuyer sur l'avant de ces
clapets (en bleu ci-dessous) et, par bascule, chaque clapet peut
commander l'ouverture d'un trou dans la table et déclencher le
son d'une anche.
Je vous conseille de parcourir le blog,
http://harmonium.le-blog.info .d'un amateur qui a
déjà bien avancé la restauration d'un instrument
de 1867 ... Cela complète bien la présente page car si
l'harmonium en question comporte pas mal de similitudes de principe
avec celui-ci il comporte des registres…
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