Typologie des instruments à vent

selon leur mode de production des notes

Fiches d'illustration : "Tous musiciens - Petit cours de pipeau (...)" de Lina Roth

.Une fiche particulière puisque consacrée non pas à un type d'instrument mais à un petit ouvrage, que l'on peut encore trouver assez facilement pour quelques euros en brocante (et probablement sur le net) et qui a eu un grand impact car c'est lui qui a conduit au développement de l'usage de la flûte à bec en milieu scolaire.

La couverture ci-dessus est celle de la seconde édition (1936), la première étant celle de 1933 et il y en eu au moins une troisième en 1940.

Dans la préface de cet ouvrage "Qu'est-ce que le pipeau", M. Ravaudet ne décrit même pas l'instrument en question (il explique tout de même qu'il devrait être en roseau mais qu'il est "de nos jours" en celluloïd). Mais il plaide pour l'utilisation de celui-ci (après en avoir éliminé quelques autres et déploré le fait que la France aurait été à cette époque "le pays où l'on chante le moins et le moins bien"

Il explique également que Melle Lina Roth a débuté l'expérience de l'utilisation de ce instrument en milieu scolaire "il y a sept ou huit ans" à Saint-Menoux avec des résultats concluants et qu'elle mène désormais une active propagande mais :

"Melle Lina Roth s'est heurté d'abord à une grosse difficulté : les fabricants appelaient le pipeau un jouet et refusaient de prendre la peine de l'ajuster soigneusement. Tous les pipeaux qu'on trouvait dans les bazars et même chez les marchands de musique étaient faux du mai au fa et du si au do, parce que les intervalles étaient mal calculés ; les autres notes n'étaient pas tojuours justes non plus ; il fallait d'un coup de canif bien mesuré, rectifier l'intervalle et, pour cela, avoir déjà l'oreille musicienne : c'est dire qu'alors le pipeau ne remplissait plus son rôle qui est de rendre musiciens ceux qui ne le sont pas.

Pendant plusieurs années, des caisses et des caisses de pipeaux on voyagé suivant l'itinéraire Paris-Saint-Menoux-Paris ; M. Nathan prenait la peine de les envoyer à Mlle Roth qui les triait, ajustait les meilleurs et les renvoyait à la librairie.

Cette obstination, ce dévouement, peut-on dire, a eu sa récompense. Les quelques milliers de pipeaux que la maison Nathan a lancés ainsi à travers la France on fini par susciter l'intérêt actif de plusieurs personnes, entre autres de M. Delfolie, inspecteur primaire à Embrun, qui s'est donné la tâche d'obtenir un pipeau sortant juste de l'usine.

M. Delfolie a su intéresser plusieurs fabricants qui ont consenti à faire des essais sérieux et, finalement, l'un d'entre eux - qu'il en soit remercié ici ! - s'est chargé de fournir des pipeaux en celluloïd, jolis à l'oeil, et parfaitement justes. C'est cet article que vous trouverez désormais chez notre éditeur, qui n'aura plus besoin de faire voyager ses caisses !

Melle Lina Roth a revu le premier échantillon, celui qui servira de matrice pour la fabrication en série ; c'est une petite merveille, c'est proprement "la flûte enchantée" (1)

(1) Ce qui était encore une promesse lors de la première édition de cet ouvrage est aujourd'hui une réalité. Et je puis ajouter que la fabrication du pipeau ne cesse de perfectionner.

L'ouvrage ne cite aucune marque de ces petites flûtes en celluloïd, mais on relève toutefois à la page des autres ouvrages de la "même librairie" celui de Germaine Weill "Le pipeau Hercule, 6 trous"

 

L'ouvrage proprement dit est une méthode assez classique, avec ses rappels de solfège et ses partitions de petits exercices puis de morceaux de difficultés progressives, tous introduits par un petit commentaire.

Il est indiqué qu'un disque a été enregistré pour compléter l'ouvrage

 

L'usage de ces flûtes à 6 trouss'est développé en milieu scolaire. Dans cette seconde édition corrigée et augmentée de l'ouvrage, Lina Roth explique (p.66) que de nouveaux morceaux ont paru et continueront à paraître dans le "Journal des instituteurs et institutrices" sous la rubrique "Tous musiciens"

Mais j'ignore encore à quelle époque et sous quelle influence il y a eu transition de la flûte à 6 trous ("pipeau") en celluloïd à la flûte à bec à 8 trous en bois (puis bien plus tard en matière plastique) et même s'il y a eu continuité entre l'usage scolaire de l'une et de l'autre....

 

 


Voir également la page sur les flûtes à bec, celle spécifique aux flûtes à trois trous ainsi que les Complément sur les becs de flûte ou les pages sur les flûtes scolaires


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