Les termes flûte eunuque, kazoo, mirliton ou
bigophone (du nom de leur "inventeur" Bigot) désignent des
instrments se placant devant la bouche et permettant de modifier le
son de la voix par la mise en vibration d'une feuille mince. On a
ainsi une amplification déformée du fredonnement de
l'interprète. S'agit-il vraiment d'un instrument, dans la
mesure où il ne génère par lui-même aucun
son ni ne le module mais ne fait que modifier le timbre de la voix ?
La facilité d'utilisation de cet instrument (il
suffit de chanter) lui a permis de figurer en bonne place au sein de
fausses fanfares à vocation plus humoristique que musicales :
les sociétés de bigophones.
Flûte eunuque de fabrication lettonienne (Maris
Jansons) (vue complète et vue de l'embout
démonté montrant la feuille vibrante) :
l'interprète chante dans la corne
Flûte eunuque relativement récente, en terre cuite
(merci à Fritz Schneider)
Extrait du catalogue Montgomery Ward & Co's catalogue
n°56
Publicité parue à plusieurs reprises dans
l'hebdomadaire "Fillette" de 1921. Bien que cela ne soit pas
spécifié, il s'agit d'un mirliton, comme en
témoigne la mention de membranes de rechange. Cet instrument a
été inventé par l'abbé Varin.
En 1924, le fabricant s'offre une double page dans
l'almanach Hachette (cliquez sur la photo pour voir en grande
taille)
On appréciera particulièrement ce passage
:
En voici un exemplaire qui a vécu...
C'est sous la dénomination "Musiquette" que le
Le catalogue
Couesnon 1928 présente des kazoo dont celui-ci
à pavillon :
que l'on retrouve à nouveau dans le
catalogue 1934, sous la
dénomination de "musiquette d'orchestre à pavillon"
Cette mention de la musiquette accompagnée cette
fois de celle de la musiquette-trombonette apparaît deux ans
plus tard encore au sein d'un
catalogue-tarif Couesnon de
1930
La Musiquette réapparait à la page
"instruments pour jazz-band" du même catalogue :
Le
catalogue Couesnon
1928 présente également des "fanfares" qui sont des
mirlitons entièrement métalliques
Les dessins de trompes de chasse sur le
verso, la mention Rallye Chasseur Paris sur le devant, montrent que
ces mirlitons sont vendus comme censés imiter les sonneries
des débuchés....
Mais au
catalogue 1934 de la
même marque, le même type d'instrument est
désigné par Cor des Alpes "Vibrophone" et sur la
gravure on distingue la mention "Biniou parisien"
Kazoo ancien à pavillon marqué "Jazz Horn Calura" et
"Made in Germany"
Kazoo en forme de saxophone alto, "Made in US Zone Germany"
Autre kazoo en forme de saxo alto, mais "Made in England"
Kazoos en métal de fabrication industrielle
et version encore plus récente en plastique
moulé imitation métal :
Le même en version "à coulisse" (action de cette
dernière n'ayant quasiment aucun impact sur le son
émis...) (doc fourni par T. Legros)
Petit kazoo en plastique Made in China
Kazoo jouet en bois avec faux trous de jeu (en bleu, la membrane est
collée sous le trou rouge et n'est pas remplaçable)
Carte postale fantaisie début XXème avec jeune
joueur de mirliton tubulaire en carton tels ceux figurant
également sur les trois photos ci-dessous
Trois clichés du même ensemble de bigophones (Nord ?) La pancarte est malheureusement illisible même sur
les clichés originaux.
Illustration de la page de titre de "Rondes et chansons" ed. GP coll
Rouge et bleue, 1953 illustrations de Guy Sabran.
Gros plan sur les 7 bigotphones visibles sur la photo
d'un ensemble belge mêlant
vrais instruments et bigotphones
Extraits d'un catalogue de farces et attrapes, instruments de
musiques, monologues etc... "L'écho de la gaité
française", 65 rue du Faubourg St-Denis, Paris, imprimé
en 1927. (coll. T. Legros)
Publicité pour les articles de carnaval dont une citation de
bigophones parue dans Le Petit Journal du 16 février 1930
(document fourni par T. Legros)